Le culte de Sainte Hélène à Senlecques

DSC_0934 (2)Exposition du 19 au 24 août 2017 en l’église de Senlecques de 9h à 17h
De temps immémorial (immémorial car on ne connaît plus la date de son apparition), un culte est rendu à Sainte Hélène, en la paroisse et l’église de Senlecques et il a semblé intéressant de proposer un aperçu historique de cette dévotion, d’autant plus qu’on attribue à la sainte des pouvoirs thaumaturgiques et qu’on l’associe à un pèlerinage jadis fort couru.


Hélène est un personnage historique, née au milieu du IIIe siècle après-Jésus Christ. Elle n’est pas n’importe qui. Peu importe que ses origines sociales aient été modestes : cette servante fut l’épouse ou la concubine de Maxence Chlore qui fut élevé à la dignité d’empereur en 293 ; elle fut la mère de Constantin qui fut lui aussi empereur romain de 307 à 337. Le moment est important, puisque c’est celui où le christianisme est reconnu et favorisé – l’édit de Milan, fondamental à cet effet est signé en 313 – et les chrétiens ont conservé une bonne et pieuse mémoire tant de Constantin que de sa mère, devenue ardente chrétienne et qui fit même le pèlerinage à Jérusalem, se révélant archéologue pour retrouver les reliques de Jésus et de la sainte croix, dont on lui attribua assez tôt l’invention. Elle se révéla aussi bâtisseuse d’églises et on comptabilise de nombreuses traces de son action tant à Jérusalem qu’à Constantinople et à Trêves.
Ce n’est que peu à peu qu’elle fut considérée comme sainte et la chose était accomplie à l’époque carolingienne, quand on commença à lui rendre un culte, à partir de ses reliques qui furent alors translatées en de nombreux endroits. Hélène se trouvait ainsi honorée à Rome où se situait son tombeau, en Champagne où certaines de ses reliques avaient été transférées par un moine du nom d’Almanne qui se fit son premier hagiographe, dans les pays rhénans à partir de Trêves, en Angleterre aussi très marquée par le passage de Constance Chlore au temps de la Bretagne romaine. Ce culte était donc présent sur l’ensemble de la chrétienté, catholique et orthodoxe, et les grandes découvertes et la colonisation étendirent la mémoire de la sainte dans l’ensemble du monde, surtout anglophone. Avec le culte, se répandirent, « s’éparpillèrent » tant les reliques de la sainte que celles de la Passion qu’Hélène aurait contribué à redécouvrir et ce n’est pas pour rien qu’elle est considérée comme la patronne des archéologues, du moins dans la chrétienté orthodoxe.
La présence d’un culte de sainte Hélène à Senlecques et dans doute ancienne et c’est bien ce qu’indiquait Jacques Malbrancq, le vieil historien des Morins au milieu du XVIIe siècle. Il évoquait des reliques, un pèlerinage et suggérait l’importance dans son apparition et son développement de la Chaussée Brunehaut, la voie romaine de Boulogne à Thérouanne. Nombre d’historiographes et hagiographes sont allés plus loin en parlant d’un passage de la sainte à Senlecques, ce qui n’a rien d’impossible, mais qui n’est pas prouvable, faute de sources. Car la documentation historique est des plus indigentes quant à la réalité de ce culte aux périodes les plus anciennes. Que Senlecques porte, sans conteste un nom de domaine gallo-romain, ne prouve rien. La seule chose assez remarquable que c’est la seule paroisse dédiée à sainte Hélène en Artois et Boulonnais.
Le culte, à travers ses lourds aspects extérieurs (pèlerinage) a pu s’étioler bien longtemps avant la Révolution. Ce n’est que sous le Second Empire (1852-1870), temps éphémère de triomphalisme catholique, qu’il renaît, à l’instigation de l’abbé Lebrun et de la récupération de reliques et de la sainte et de la Vraie Croix, mais cette renaissance a pu s’appuyer sur des bases plus anciennes, portées par la mémoire. Le temps fort en reste la neuvaine et le pèlerinage. On invoque alors la sainte pour aider les jeunes enfants à marcher et on crée à l’occasion des prières et des cantiques appropriés qui demeurent jusqu’à nos jours. La décoration interne de l’église, maintes fois restaurée, en appelle largement à la sainte, à travers sa statuaire, ses vitraux et ses reliquaires. Depuis le Second Empire, le culte s’est perpétué dans ses grandes lignes grâce à l’activité des prêtres qui se sont succédé et Senlecques a pu bénéficier d’avoir pu perpétuer sa paroisse jusqu’à une époque assez proche. La neuvaine a disparu, mais la fête de la sainte avec ostension des reliques marque toujours un temps fort de l’année chrétienne senlecquoise.
Cette présentation, par le biais de cette exposition, n’a pas d’autres prétentions que d’évoquer, dans ses grandes lignes, ce que fut et est encore le culte de Sainte Hélène, de ses origines à nos jours, à Senlecques bien sûr, mais aussi un peu au sein de la chrétienté.

Ce contenu a été publié dans Actualités, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.